Ashtanga Yoga

“L’ashtanga yoga est aujourd’hui mondialement connu, et les enseignements provenant des anciens textes yogiques sont maintenant accessibles au plus grand nombre. Ceux-ci nous disent qu’avec une pratique régulière, nous pouvons entretenir un corps sain et unir notre être avec le Soi, qui dans sa nature même est paix éternelle, liberté infinie et joie. Il est important que les élèves pratiquent les asanas (postures de yoga) dans l’ordre et qu’ils suivent exactement la méthode du vinyasa. C’est ainsi que le corps, le mental et l’esprit peuvent développer intelligence et harmonie. Lokah Samastah Sukhino Bhavantu. (« Puissent tous les êtres vivre heureux et prospères. »)“

SRI K. PATTABHI JOIS

HISTOIRE

SRI K. PATTABHI JOIS

Si on se réfère aux textes sacrés de l’Inde, l’histoire du yoga se confond avec celle de l’humanité. La mythologie indienne comprend 330 millions de dieux, déesses, héros et héroïnes, tous dotés de pouvoirs physiques ou mentaux surnaturels, les siddhis, supposés dus à une fervente discipline yogique.

Des recherches récentes attestent que l’histoire du yoga remonte à quelque 5 000 ans. C’est à cette époque que la riche culture aryenne se diffusa dans la vallée de l’Indus, au Nord de l’Inde, et que fut créé le système sociétal en quatre catégories appelé varna (en sanskrit : classe ou couleur), connu sous l’appellation de système des castes.

Plus tard, ces Aryens furent appelés indo-aryens et le rayonnement de leurs traditions spirituelles et de leur philosophie yogique se répandit au-delà de cette région. Ce savoir était transmis par la tradition orale et par des textes écrits sur des feuilles de palme. C’est ainsi que le yoga est devenu une des philosophies les plus connues de l’Inde.

En Inde, se sont développées six écoles philosophiques (darshan), dont le samkhya et le yoga. Le samkhya contient l’esprit du yoga, la théorie yogique, alors que les enseignements du yoga traitent des aspects pratiques. Les quatre autres écoles sont : le nyaya, le vaisheshika, le mimamsa et le vedanta. Ces six philosophies détaillent les moyens variés par lesquels chacun peut développer le corps, le mental, l’intellect et le spirituel. Elles ont quelque chose à nous apporter, quel que soit notre point de vue religieux ou spirituel.

Les premiers textes indo-aryens sont les fondements de tous les autres textes sur le yoga et la spiritualité. Parmi eux, on compte les quatre Veda : le Rig Veda, le Samadeva, le Yajuveda et l’Atharvaveda. Le Rig Veda, écrit autour de 1 500 ans avant J.-C. est considéré comme l’un des textes traitant de spiritualité les plus anciens que l’humanité ait conservé.

Ensuite viennent les Upanishad qu’on nomme également Vedanta et qu’on peut aussi considérer comme un cinquième Veda. Il y a aussi le Brahmana et le Purana, les Yoga Sutras de Patanjali et l’épopée du Mahabharata qui inclut le Ramayana, où l’on trouve Aditya-hri dayam, la prière à Aditya, la déité du Soleil, et la Bhagavad-Gita. Tous ces textes développent la philosophie du yoga à des degrés et niveaux de compréhension divers. Les écrits qui traitent spécifiquement de la pratique du yoga furent écrits beaucoup plus tard. Il s’agit du Yoga Vasishtha, du Shiva Samhita, de la Gheranda Samhita, du Hatha Yoga Pradipika, du Yogayajnavalkya Samhita et aussi du Yoga Taravali.

Ces écrits sont le reflet d’une tradition orale vieille de plusieurs millénaires qui a été transmise de gourou à disciple, au fil des générations. Dans le mot sanskrit guru, gu signifie obscurité alors que ru veut dire lumière. Le gourou est donc celui qui guide l’élève des ténèbres à la lumière, de l’état d’ignorance à l’éveil.

Cette tradition du yoga a longtemps été tenue secrète au sein des familles brahmanes, avant de devenir accessible au plus grand nombre.

INTRODUCTION : LA TRADITION VIVANTE DE L’ASHTANGA YOGA

L’ashtanga yoga est une pratique et une philosophie, qui développent et favorisent la santé psychologique et spirituelle. Transmise de génération en génération par des enseignants expérimentés, cette tradition est vivante, elle n’est pas figée dans le passé et elle a conservé son intégrité, tout en s’adaptant aux besoins des pratiquants

et aux demandes actuelles.

L’ashtanga yoga n’est lié à aucune religion, à aucune lignée politique ou association. Cependant il nous connecte directement à une force de vie qui traverse tous les êtres. Plus important encore, ce yoga est ancré dans une profonde tradition de respect envers les enseignants qui l’ont perpétué. Ce sont eux qui détiennent et protègent la connaissance qui nous est rendue accessible à travers la pratique.

Sri K. Pattabhi Jois a étudié pendant vingt ans auprès de son maître T. Krishnamacharya. À partir de cet apprentissage intense, complété par l’étude des textes sacrés, par sa propre pratique du yoga et son enseignement auprès de milliers d’élèves, il a transmis sa connaissance de l’ashtanga yoga.

ASHTANGA YOGA

L’ashtanga yoga est souvent décrit comme une forme de yoga intense, athlétique et dynamique. Si cela reste vrai, l’ashtanga produit en fait beaucoup plus qu’un simple renforcement et étirement du corps. Pratiqué en étant attentif au souffle, aux drishtis (les points de fixation-du regard) et aux bandhas (les verrous énergétiques), il permet de développer une perception consciente du corps et du mental. Selon Sri K. Pattabhi Jois, il est le chemin qui nous met en contact avec l’esprit qui réside en chacun de nous et qui constitue en fait notre nature essentielle.

Ashtanga yoga signifie littéralement « yoga des huit membres » [ashtau : huit – anga: membres), en référence aux Yoga Sutras de Rishi Patanjali, écrits il y a près de 2 000 ans. Les aphorismes des Yoga Sutras sont basés sur les enseignements de textes plus anciens comme les Veda, eux-mêmes transmis oralement de maître à élève. Cette forme de transmission des enseignements de la tradition du yoga se nomme parampara, ou lignée. Pattabhi Jois la définit dans son livre “Yoga Mala“ comme « une action noble et désintéressée, transmise depuis les temps immémoriaux au sein d’une tradition ininterrompue ».

L’ashtanga yoga englobe une grande partie des différentes formes de yoga décrites par la tradition. Quand on demandait à Pattabhi Jois ce qu’était l’ashtanga yoga et ce

qu’il n’était pas, il ne pouvait le limiter : pour lui l’ashtanga yoga, c’était le karma, jnana, bhakti, kryia, japa, hatha, tantra, raja… tout cela compris dans une forme ancienne et sans frontières. C’est un yoga complet qui englobe toutes les visions du yoga.

La lecture et l’étude des anciens textes philosophiques sacrés sur le yoga ne sont qu’un des aspects de la pratique. Si les livres peuvent nous guider sur le chemin du yoga, ils ne peuvent en aucun cas nous faire découvrir l’expérience yogique. Comme Sri K. Pattabhi Jois aimait à dire : « l’ashtanga yoga, c’est 99% de pratique pour 1% de théorie. » Il avait l’intime conviction que la pratique est la seule façon de libérer le corps et l’esprit de leurs blocages et obstacles, et de stimuler le processus de renouveau physique, mental et spirituel qui conduit à la liberté et à la joie.

Dans l’ashtanga, le prana (le souffle), l’asana (la posture), le vinyasa krama (la technique du vinyasa), les bandhas et les drishtis sont pratiqués conjointement, ce qui a pour effet de réchauffer profondément le corps. Ainsi protégé, il peut éprouver une merveilleuse sensation d’intensité dans la pratique des postures. La chaleur interne génère un processus de nettoyage général qui atteint toutes les koshas (les strates) physiques et énergétiques de l’être : organes, muscles, système nerveux, mental, esprit.

“Pratiquez, le reste suivra.“

SRI K. PATTABHI JOIS

PARAMPARA

“Pratiquez, le reste suivra.“

SRI K. PATTABHI JOIS

Est la connaissance transmise de professeur à étudiant. Il s’agit d’un mot sanskrit qui indique le principe de transmission de la connaissance dans sa forme la plus précieuse : la connaissance basée sur l’expérience pratique et directe.

C’est le principe de toute lignée : le professeur et l’étudiant forment les liens de la chaîne de l’instruction, transmise depuis des milliers d’année. Afin que l’enseignement du yoga soit pleinement efficace, elle doit émaner du parampara.

La connaissance peut être transmise seulement après qu’un étudiant a passé plusieurs années avec un gourou ou un professeur expérimenté auquel il a complètement abandonné son corps, son esprit, sa parole et son être intérieur.

C’est à ce moment-là seulement qu’il est prêt à recevoir la connaissance. Le parampara est cette transmission de professeur à élève.

INDICATIONS POUR LA PRATIQUE

Afin de soutenir votre pratique et d’en bénéficier pleinement, essayez de créer les meilleures conditions possibles. Ceci concerne autant les conditions extérieures que les facteurs internes pouvant affecter votre concentration, votre attitude ou votre humeur.

Si vous débutez, il est fortement conseillé de pratiquer dans un yoga shala (centre de yoga) avec un professeur qui enseigne la tradition Mysore. Il est toujours préférable d’apprendre avec un enseignant expérimenté qui sera à même d’accompagner vos progrès et votre compréhension de la pratique. Les livres peuvent vous présenter une posture, jamais ils ne remplaceront l’enseignant, pour la bonne raison qu’ils ne peuvent ni vous voir, ni comprendre votre problématique et vos besoins particuliers.

Le yoga shala doit être un lieu propre, chauffé et sans courant d’air, aéré et baigné d’une atmosphère calme, si possible, construit avec des matériaux naturels qui apporteront une énergie positive à la pratique des asanas. Dans les anciens shalas en Inde, le sol était constitué de bouse de vache séchée, ce qui, à l’époque était considéré comme un matériau pur et propre. Il faut éviter de pratiquer sur un sol inégal, à l’extérieur, dans une cave humide ou dans un endroit mal ventilé.

En général, la pratique du yoga est peu coûteuse et nécessite seulement des vêtements légers, qui permettront le mouvement et la transpiration, et un tapis de yoga, pour amortir le contact au sol et éventuellement de prendre appui ou de se repousser du sol. Si vous transpirez abondamment, utilisez une petite serviette pour essuyer le tapis de temps en temps. Dans certaines postures, on utilisera une couverture ou un tapis de coton pour davantage amortir le sol. Ils pourront aussi

servir au professeur lorsqu’il ajuste l’élève dans une posture, comme notamment dans les flexions avant.

Il est aussi fortement recommandé de pratiquer avec un corps et des habits propres puisqu’une grande partie de la pratique concerne le souffle, l’inspiration d’air pur et l’énergie du prana véhiculée par l’air et la respiration. Ceci est valable autant pour vous que pour les autres élèves et les enseignants dans le shala.

Chaque corps étant différent, certains transpireront plus que d’autres à des moments divers de la pratique. Pensez à nettoyer votre tapis et vos couvertures dès que c’est nécessaire afin qu’ils restent propres et sans odeur.

Il est impératif d’avoir l’estomac vide avant de pratiquer.

Ne mangez pas pendant les deux heures qui précèdent le cours et ne buvez pas non plus quinze minutes avant. Durant la séance il ne faut ni manger ni boire, même de l’eau. Il est beaucoup plus facile d’accéder aux étirements intenses, en particulier les flexions avant et les torsions, lorsque l’estomac est vide. Les bandhas (les verrous musculaires et énergétiques) sont aussi plus facile à installer à jeun. Pratiquer avec le ventre plein peut donner des crampes ou même des nausées.

Avant, pendant et après la pratique, il est important que chacun s’applique à faire régner une ambiance de concentration et de présence sans interruption ni perturbation. Le yoga shala devra être le plus silencieux possible afin de respecter les autres élèves, le professeur et votre propre cheminement interne. Si pendant le cours il vous vient une question philosophique ou à propos d’une posture, sans caractère d’urgence, il est préférable d’attendre la fin du cours pour en discuter avec votre professeur. S’il s’agit d’une question inévitable, l’enseignant pourra bien entendu y répondre. Toutefois, moins il y a de conversations dans le shala, mieux c’est.

Prévoyez suffisamment de temps après la pratique pour laisser le corps et l’esprit se reposer et récupérer. Vous pourrez ensuite boire, mais il vaudrait mieux attendre une demi-heure avant de manger. Le corps a besoin de temps pour être à nouveau disponible, apte à digérer et assimiler les nutriments.

Le meilleur moment pour pratiquer le yoga est le matin. L’air est alors fortement

chargé en prana (l’énergie vitale). Le mental n’est pas encore pris dans le flot des pensées, le corps est reposé et l’estomac vide. La séance matinale va ouvrir et énergiser le corps et l’esprit pour le restant de la journée. Cependant, sachez que cela peut prendre du temps de s’habituer à cette pratique matinale et que le corps est d’ordinaire plus raide le matin que le soir. Si elle s’adapte mieux à votre rythme, à votre emploi du temps ou à votre ressenti à ce moment-là, la pratique du soir est bien sûr valable (même si traditionnellement on ne pratique pas après le coucher du soleil).

La pratique de l’ashtanga yoga n’a pas pour but de vous détourner du monde extérieur et de vous faire développer une attention obsessionnelle à votre corps et votre mental. Évitez tout fanatisme ! Le yoga doit devenir une source de force et un appui dans votre vie de tous les jours. Il doit améliorer votre qualité de vie à tous les niveaux. Soyez à l’écoute de vos pensées et de vos perceptions internes quand il s’agit de décider du nombre de postures à réaliser et de la fréquence de vos séances. Prenez conscience des capacités réelles de votre corps, de vos conditions de vie et de la phase de vie dans laquelle vous êtes. Ceci devrait vous aider à décider de la juste durée de votre séance et du moment où il conviendra de s’arrêter. Si vous pratiquez dans un yoga shala, votre enseignant sera le meilleur guide pour accompagner ce processus de développement.
Traditionnellement, on pratique six matins par semaine avec un jour de repos le samedi. Un jour de repos est également prévu lors de la pleine lune, de la nouvelle lune et pendant les jours fériés. Pour les femmes, il est conseillé de ne pas pratiquer pendant les trois premiers jours des règles, les trois premiers mois de la grossesse et les trois premiers mois après l’accouchement.

L’ashtanga yoga profite à tous : à ceux qui sont raides comme à ceux qui sont souples, à ceux qui sont en bonne condition physique comme à ceux qui ne le sont pas. Vous développerez votre pratique au niveau où vous êtes et selon votre rythme tout en restant à l’écoute de votre corps, de votre respiration et de votre mental. Pour rester motivé dans ce yoga, il est important de trouver votre propre rythme afin de progresser calmement et régulièrement.
Il est essentiel de résister au désir de se comparer aux autres. Chacun obtiendra les bénéfices de la pratique à sa façon.

Cette méthode ne s’adresse pas à des enfants de moins de douze ans car avant cet âge, leurs os ne sont pas encore complètement développés. Toutefois ils peuvent sans danger s’amuser à réaliser des asanas en se concentrant sur le souffle. Cela leur sera même profitable. Par ailleurs, il n’y a pas de limite d’âge à partir de laquelle il faudrait cesser la pratique. Les asanas peuvent s’adapter individuellement à tous les stades de la vie. Cependant, il faudra consulter l’avis d’un médecin dans certaines circonstances précises : grossesse, maladie grave, suite d’intervention chirurgicale ou tout autre cas particulier. Il ne faut jamais pratiquer malade, avec de la fièvre, dans un état grippal, sous l’emprise de drogues, d’alcool ou lors d’un traitement lourd. Après une courte maladie, laissez passer un jour, puis reprenez ensuite doucement. Si, par exemple, vous pratiquez les séries intermédiaires et avancées, il faudra reprendre la pratique avec la première série. Après une longue maladie, prenez l’avis de votre médecin et de votre professeur de yoga pour décider des modalités de reprise, du rythme et des postures. Bien évidemment, il est préférable que votre médecin ait quelques notions de yoga en général et d’ashtanga yoga en particulier.

Les postures d’ashtanga ont pour effet d’ouvrir le corps naturellement et sans danger. La respiration en ujjayi, le rythme ininterrompu des mouvements avec le vinyasa, l’aspiration des différents bandhas et la chaleur générée par le corps sont autant de facteurs qui réduisent le risque de blessure. Ceci étant dit, gardez à l’esprit de ne pas « forcer » dans les asanas, ce serait au détriment des capacités nécessaires pour aborder des séries plus énergiques. Veillez aussi à ne pas pratiquer avec trop d’ardeur, au risque d’occasionner des blessures. Soyez à l’écoute de votre corps, il saura vous indiquer où sont vos limites mais aussi quand il est nécessaire d’approfondir une posture. Par exemple, vous pouvez effectuer une flexion avant même si vous vous sentez raide, en essayant d’atténuer la tension avec une respiration profonde et détendue. Si vous avez alors encore mal, revenez en arrière et attendez d’être prêt, cela reviendra. Nous ne sommes pas faits pour pratiquer les asanas exactement de la même façon tous les jours. Certains jours le corps va se relâcher profondément dans les postures, d’autres il sera lourd et raide. Et selon votre état, vous pourrez aller plus ou moins loin.

Parallèlement à son action bénéfique sur le corps, l’ashtanga yoga agira aussi sur le mental qui sera apaisé et clarifié, à des niveaux profonds et subtils. Il n’est pas rare que des souvenirs ou des expériences passées reviennent à la conscience. C’est une

bonne et saine chose et cela fait partie du processus. Toutes les expériences négatives que nous avons pu traverser s’installent en nous sous forme de blocages. Nous devons les laisser remonter à la surface, les revisiter une dernière fois avant de pouvoir vraiment les quitter et nous en séparer. Lorsque cela se produit, il faut continuer de respirer tout en sachant qu’en lâchant prise nous sommes en train de créer de l’apaisement et de la clarification dans le mental.

Étudiez bien l’ordre des postures et leur nom, ainsi que le système respiratoire du vinyasa. Cela approfondira votre pratique, améliorera votre concentration et facilitera la communication avec votre enseignant pour toutes les questions concernant les asanas.

Vous pouvez tout à fait continuer à pratiquer d’autres activités physiques tout en intégrant l’ashtanga yoga à votre vie. La souplesse et la force intérieure que vous aurez acquises en pratiquant l’ashtanga améliorera vos capacités dans les autres activités physiques et réduira le risque de blessure. La plupart des blessures surviennent parce que le corps est raide et tendu. Si vous exercez d’autres activités physiques, ajustez votre pratique de l’ashtanga de manière qu’elle vous procure de l’énergie plutôt que de chercher à tout prix une pratique intensive où vous allez vous épuiser.

Au fil du temps, la pratique du yoga installe un vrai changement positif dans le corps et l’esprit de l’élève. L’hygiène de vie, l’alimentation, le style de vie changent. À mesure qu’un élève gagne confiance en sa pratique, elle se développe naturellement. Les élèves observent souvent que leurs plus grands obstacles ne sont ni la raideur ni la faiblesse musculaire mais plutôt la rigidité mentale.

On constatera bien souvent que plus on avance dans sa pratique, moins on éprouve ce besoin obsessionnel de réussir. La patience s’accroît. Chaque petit progrès physique et psychologique efface les doutes et donne l’énergie nécessaire pour progresser sur le chemin du yoga. Soyez attentifs à noter vos progrès, tout en vous autorisant aussi des régressions. On ne progresse pas toujours de façon linéaire. Il sera parfois utile de prendre plus que cinq respirations dans une posture. On pourra rester le temps de dix respirations et même… jusqu’à trois heures. Il faudra parfois savoir rétrograder pour que le corps retrouve son équilibre énergétique. Lorsqu’il est pratiqué avec une attitude juste, le yoga est un chemin fiable qui vous mènera à la rencontre de votre être véritable, là où vous faites l’expérience de la joie et de la satisfaction dans le moment présent, tel qu’il est.

STYLE DE PRATIQUE

Il a deux manières traditionnelles d’enseigner l’ashtanga : dans un cours dirigé “Led Class“ où l’enseignant compte le vinyasa à voix haute, ou bien dans un cours de “Mysore-Style“ où chacun réalise individuellement les séries d’asanas à son rythme sous la supervision du professeur. Lorsque vous n’avez pas la possibilité de vous rendre au cours, vous pouvez pratiquer à la maison.

Dans un cours dirigé, l’enseignant compte le vinyasa et nomme chaque asana en sanskrit, en en précisant les phases d’inspiration et d’expiration. Le professeur établit un rythme régulier que les élèves suivent ensemble. En même temps, il peut donner des instructions verbales sur l’alignement, la tenue des bandhas et l’usage des drishtis. La technique exacte du vinyasa, suivie dans un cours de Mysore ou pratiquée à la maison, s’apprend de cette seule façon. Une fois la technique du vinyasa et la succession des postures acquise durant un cours dirigé, il est plus facile de suivre un cours de Mysore.

En ashtanga yoga, le terme vinyasa désigne le système selon lequel chaque mouvement est lié à une phase d’inspiration ou d’expiration. Entre chaque sthitih (état) de la posture, il y a une série de mouvements qui lient les asanas les uns aux autres. Il est peut-être utile de préciser que dans les nouveaux yogas à la mode qui s’appellent vinyasa style ou vinyasa flow le terme vinyasa ne désigne pas le vinyasa krama (la technique) de l’ashtanga.

Dans un cours Mysore-Style, chaque élève pratique indépendamment des autres en suivant son rythme et sa respiration. Le professeur donne principalement des indications non verbales qui passent par des ajustements, mais il peut également donner des indications individuelles verbales, si nécessaire. Si un élève oublie l’ordre des postures ou a besoin de corrections, l’enseignant pourra parfois compter le vinyasa et nommer les asanas et leurs phases respiratoires.

Dans un cours de Mysore-Style, le professeur doit connaître la manière de pratiquer de chaque élève et suivre leur développement individuel. C’est lui qui décide de « donner » de nouvelles postures quand il juge que l’élève est prêt. Cette notion du moment où l’élève est prêt, est différente pour chaque individu. On peut être prêt quand on est à même de réaliser la posture avec aisance et fluidité, ou on peut être prêt quand le temps est venu d’aborder une posture qui nous défie et nous fait progresser. On nomme cette pratique « Mysore-Style », en référence au lieu en Inde où Sri K. Pattabhi Jois a vécu et enseigné pendant des décennies. Au sein de son shala, on enseignait uniquement de cette manière, puis au fil des ans, on a commencé à proposer des cours dirigés les vendredis et les dimanches.

La pratique personnelle se fait à la maison, quand on voyage ou lorsqu’il est impossible d’assister à un cours. Quand vous pratiquez seul, soyez bien attentif à créer un espace qui favorise la pratique. Installez-vous à l’intérieur, au calme, dans un espace clair, aéré et chauffé. Faites en sorte d’être interrompu le moins possible : débranchez le téléphone, sortez les animaux domestiques de la pièce.

Selon la tradition, la meilleure façon de pratiquer est avec un enseignant expérimenté. C’est la manière la plus rapide, la plus sûre et la plus gratifiante d’apprendre, et celle dont vous bénéficierez le plus. Si pour une raison ou une autre vous devez pratiquer seul pendant de longs mois, il est fortement recommandé de participer à des ateliers ou d’aller à Mysore en Inde pour étudier. Ceci pour vous assurer que vous pratiquez toujours correctement sur le plan physique, mais aussi respiratoire, énergétique et du point de vue de votre intention.

SOINS

La pratique des postures de yoga et la médecine ayurvédique vont de pair. Ayur signifie « vie » et veda veut dire « connaissance ». Les traitements peuvent comporter des massages à l’huile, des bains d’huile, des soins par les plantes et des exercices à pratiquer. L’ayurvéda analyse aussi le type de la structure corps/esprit de chacun. Ce sont les doshas. Il sont au nombre de trois : (kapha : terre/eau – pitta : feu/eau – vata : air/ éther). Leur détermination peut aider à établir un régime alimentaire, un style de vie et des habitudes mieux adaptées en fonction de la nature de chacun. Lorsqu’ils sont nécessaires, les traitements ayurvédiques peuvent renforcer le processus de purification et sont recommandés aux adeptes du yoga.

ALIMENTATIONS

Avoir une alimentation saine, nourrissante et végétarienne est un aspect essentiel du yoga. Notre nourriture se transforme en vitamines, minéraux, éléments, traces, et en bindu ou puissance vitale. Elle est véhiculée à travers tout l’organisme par les sept dhatus. La qualité de l’alimentation impacte directement la capacité du corps à assimiler les nutriments indispensables pour se sentir bien. De nos jours, il est recommandé de consommer une nourriture cultivée selon des principes écologiques, biodynamiques ou biologiques. Considérez le mode de culture, d’emballage, de transport et la manière dont la nourriture a été traitée. Tous ces facteurs influenceront les caractéristiques énergétiques de l’alimentation.

La pratique du yoga vous rendra plus sensible et vous serez capable de percevoir les sensations internes que produisent les aliments. Comme pour les asanas, progressez pas à pas. Chaque organisme étant différent, le même régime ne conviendra pas à tout le monde et si vous faites des changements radicaux cela pourra générer un stress trop important pour votre corps. Si vous modifiez les choses lentement et en conscience, vous verrez que votre corps vous demandera de lui-même d’abandonner les aliments lourds, malsains et de qualité médiocre. Vous éprouverez aussi le besoin d’éviter d’autres toxines comme les cigarettes, l’alcool et les drogues. Vous verrez qu’avec le temps, votre corps vous réclamera des aliments plus légers. Votre mental se tournera spontanément vers un mode de vie plus sain pour prolonger la sensation sattvique (pure, propre) que l’on reçoit par la pratique régulière de l’ashtanga et la simplicité du style de vie yogique.

MANTRA

Mantra ouverture :

C’est une prière et un acte de révérence envers le gourou.

Il s’agit du premier verset du Yoga Taravali de Sri Adi Sankaracharya (788 – 820), le fondateur de l’advaita vedanta, une école de philosophie non-dualiste.

La première strophe rend grâce aux gourous et aux enseignants qui ont transmis le savoir divin à travers les âges et montré la voie de l’élévation spirituelle. La seconde strophe est dédiée à l’incarnation mystérieuse de Bhagavan Patanjali et à son apport inestimable au yoga.

La tradition raconte que Patanjali s’est incarné sous la forme d’Adisesha, le serpent à mille têtes, l’un des avatars du dieu Vishnou. Sa mère, nommée Gonika, était une tapasvini, une yogini ascète et célibataire. Elle pria un jour le dieu Soleil pour avoir un fils à qui transmettre son savoir. Au moment où elle s’apprêtait à faire une offrande d’eau au dieu Soleil, il y eut un miracle : un petit serpent blanc tomba au creux de ses mains (d’où la syllabe Pat qui signifie tomber dans Patanjali). Gonika avait rassemblé ses mains en prière. Depuis lors, on nomme anjali mudra la position des mains jointes devant la poitrine. En l’espace de quelques mois, le serpent prit la forme humaine, mais seulement jusqu’aux épaules. Sa tête conserva un aspect terrifiant avec ces mille têtes de serpent. Toutefois, Gonika l’accepta comme son fils et lui donna le nom de Patanjali.

Om

vande gurūṇāṁ caraṇāravinde sandarśita svātma sukhāva bodhe niḥśreyase jāṅgali kāyamāne saṁsāra hālāhala moha śāntyai

ābāhupuruṣākāraṁ śaṅkha cakrāsi dhāriṇam sahasra śirasaṁ śvetaṁ praṇamāmi patañjalim

Om

Je me prosterne aux pieds de lotus des gourous, Ils me révèlent le véritable Soi.
Ils sont l’incarnation du bien,
Sous la forme d’un médecin,
Qui nous guérit de l’illusion et du poison,
De la naissance et de la mort. Jusqu’aux épaules,
Il est de forme humaine.
Il porte la conche, le disque et l’épée,
Et possède mille têtes. Il est de couleur blanche. Je te salue Patanjali !

Mantra de clôture : shanti ou mangala mantra :

Ce mantra de paix (shanti) se récite à la fin de la pratique posturale.

Om
svasti prajābhyaḥ paripāla yantām

nyāyena mārgeṇa mahīm mahīśāh gobrāhmaṇebhyaḥ śubhamastu nityam lokāḥ samastāḥ sukhino bhavantu

Om śāntiḥ śāntiḥ śāntiḥ

Que la chance soit avec nous,
Qu’elle soit avec ceux qui régissent la terre, Ceux qui la protègent en agissant vertueusement ! Que les brahmanes et les vaches Connaissent toujours la prospérité !
Que tous les mondes soient dans la félicité ! Om paix paix paix

LES LUNES

Ashtanga yoga moon days

Les jours de lune pleine et nouvelle sont observés comme des jours de repos dans la tradition Ashtanga Yoga. Quel est le raisonnement derrière cela?

Comme toutes les choses d’une nature aqueuse (les êtres humains sont environ 70% d’eau), nous sommes affectés par les phases de la lune. Les phases de la lune sont déterminées par la position relative de la lune par rapport au soleil. Des lunes pleines se produisent lorsqu’elles sont en opposition et de nouvelles lunes quand elles sont en conjonction. Le soleil et la lune exercent une force gravitationnelle sur la terre. Leur position relative crée différentes expériences énergétiques qui peuvent être comparées au cycle de l’haleine.

L’énergie de la pleine lune correspond à la fin de l’inspiration lorsque la force du prana est la plus grande. Il s’agit d’une force expansive et ascendante qui nous fait sentir énergique et émotionnelle, mais pas bien fondée.

L’énergie de la nouvelle lune correspond à la fin de l’expiration lorsque la force de l’apana est la plus grande. Apana est une force contractuelle qui se déplace vers le bas qui nous fait ressentir le calme et la base, mais dense et non-dissimulée par l’effort physique.

Pratiquer Ashtanga Yoga au fil du temps nous rend plus adaptés aux cycles naturels. L’observation des journées lunaires est une façon de reconnaître et d’honorer les rythmes de la nature afin que nous puissions vivre en harmonie avec elle.

Parampara ?